Lorsque Rocket Lab a annoncé ses résultats du T3, le marché semblait initialement satisfait des chiffres principaux — $155 millions de revenus et des pertes plus faibles que prévu. Pourtant, en quelques jours, l’action a perdu 13 % de sa valeur. La cause ? Non pas les résultats financiers eux-mêmes, mais un changement critique dans le calendrier que les investisseurs n’étaient pas prêts à absorber.
Le problème central : une année de report
L’entreprise avait passé 2025 à assurer à plusieurs reprises que son lanceur réutilisable Neutron décollerait avant la fin de l’année. Cette promesse s’est maintenant évaporée. Le PDG Peter Beck a révélé que le premier lancement sera repoussé au plus tôt au T1 2026, le T2 2026 restant une possibilité réaliste si la phase de test rencontre des complications.
Pour contextualiser, cela a une importance énorme. Neutron représente le changement architectural qui, en théorie, transformerait l’économie unitaire de Rocket Lab. La philosophie de conception du lanceur se concentre sur une capacité de charge lourde et une réutilisabilité totale — des capacités qui, une fois opérationnelles, devraient permettre une expansion substantielle des marges brutes et, à terme, inverser la trajectoire de l’entreprise, passant de pertes perpétuelles à la rentabilité.
Sans la contribution de revenus de Neutron, les modèles financiers qui prévoyaient un point d’inflexion bénéficiaire en 2027 semblent soudain prématurés. Un premier lancement repoussé de 2025 à 2026 se répercute sur tout le calendrier opérationnel. La cadence prévue — une mission la première année, trois l’année suivante, cinq l’année d’après — se décale d’un an. Ce que les analystes modélisaient auparavant comme une opération de cinq lancements par an en 2027 ne se réalisera pas avant 2028.
L’implication pratique : les investisseurs ne verront probablement pas Rocket Lab devenir rentable en 2027. Ils devront attendre 2028, ou peut-être au-delà.
Pourquoi Beck ne perd pas le sommeil à cause du retard
Lors de sa conférence sur les résultats, le PDG a abordé l’anxiété de front avec une défense mesurée de la décision. Beck a souligné que Rocket Lab dispose d’un « processus éprouvé pour livrer et développer du matériel complexe de vol spatial », soutenu par des tests au sol rigoureux avant toute tentative orbitale. Cette méthodologie n’est pas négociable, a-t-il suggéré. Neutron volera « quand nous serons très confiants qu’il est prêt, et nous ne casserons pas le moule de la magie Rocket Lab. »
L’argument financier est tout aussi simple. Beck a noté que le programme Neutron représente un coût de main-d’œuvre trimestriel d’environ $15 millions. Un seul lancement réussi génère quatre fois ce montant en revenus. Vu sous cet angle, quelques mois de préparation supplémentaires sont une aubaine — surtout si l’on pèse cela contre le risque réputationnel d’un échec lors du premier vol.
Il y a aussi un aspect stratégique. Beck semblait confiant que prendre « un peu plus de temps pour éliminer les risques » renforce en réalité la position de Rocket Lab sur le marché plutôt que de l’affaiblir.
La construction de l’infrastructure de lancement
Un détail qui ne reçoit pas assez d’attention : Rocket Lab a construit de nouvelles infrastructures de lancement en Virginie cette année, en partie en anticipation d’une demande croissante. Le PDG a noté lors de l’appel que « la congestion des lancements continue de s’accumuler à travers le pays » — sa façon de dire que la capacité de lancement disponible ne peut pas suivre la demande des clients.
Ce déséquilibre entre l’offre et la demande joue en faveur de Rocket Lab. Lorsque Neutron sera opérationnel, l’appétit du marché pour les services de lancement n’aura pas diminué ; au contraire, il aura probablement augmenté.
La confiance des clients reste intacte
Voici le signal encourageant : Rocket Lab a déjà trois clients sous contrat pour lancer des missions avec Neutron. Critiquement, aucun d’eux n’a annulé. Le retard n’a pas effrayé les partenaires commerciaux qui avaient déjà engagé leur confiance dans la plateforme.
Cela contraste avec ce à quoi on pourrait s’attendre. Reporter le lancement d’un produit phare entraîne généralement des annulations et une perte de clients. L’absence de ce schéma suggère une confiance sincère dans les capacités futures du lanceur et dans la capacité de Rocket Lab à exécuter.
La barge de récupération ne sera pas prête — pas encore
Lorsque Neutron lancera enfin, Rocket Lab a fait un choix intéressant : il n’essaiera pas de récupérer le booster lors du vol inaugural. La société construit une barge de récupération appelée « Return on Investment », mais elle ne sera pas prête à temps pour le premier vol. Cette infrastructure sera déployée pour le vol deux et au-delà.
Cette décision reflète probablement à la fois les priorités de test et une vision pragmatique de ce que Rocket Lab doit prouver en premier. La réutilisabilité totale peut être démontrée sur plusieurs vols ; la priorité immédiate est simplement de mettre Neutron en orbite de manière fiable.
La question de la valorisation reste en suspens
La vente suite aux résultats ne constitue-t-elle pas une réaction excessive ? Pas nécessairement. Rocket Lab se négocie toujours à environ 46 fois ses revenus historiques — une valorisation qui reflète un optimisme considérable quant à la croissance future.
L’entreprise reste déficitaire, et le chemin vers la rentabilité a été prolongé d’une année complète. Pour les investisseurs en croissance à l’aise avec ce profil, cette déconnexion pourrait représenter une opportunité. Pour les investisseurs axés sur la valeur, les métriques ne justifient toujours pas une entrée.
La question fondamentale pour les investisseurs : attendre jusqu’en 2028 pour les premiers bénéfices, plutôt qu’en 2027, constitue-t-elle un changement significatif dans la thèse d’investissement à long terme de Rocket Lab ? La réponse dépend entièrement de votre horizon temporel et de votre conviction quant à la croissance du secteur des lancements spatiaux commerciaux.
Ce qui est certain, c’est que le retard de Neutron ne disparaîtra pas des discussions du marché tant que le lanceur ne sera pas lancé et qu’il réussira.
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Lancement différé de Neutron et ce que cela signifie pour la feuille de route de rentabilité de Rocket Lab
Lorsque Rocket Lab a annoncé ses résultats du T3, le marché semblait initialement satisfait des chiffres principaux — $155 millions de revenus et des pertes plus faibles que prévu. Pourtant, en quelques jours, l’action a perdu 13 % de sa valeur. La cause ? Non pas les résultats financiers eux-mêmes, mais un changement critique dans le calendrier que les investisseurs n’étaient pas prêts à absorber.
Le problème central : une année de report
L’entreprise avait passé 2025 à assurer à plusieurs reprises que son lanceur réutilisable Neutron décollerait avant la fin de l’année. Cette promesse s’est maintenant évaporée. Le PDG Peter Beck a révélé que le premier lancement sera repoussé au plus tôt au T1 2026, le T2 2026 restant une possibilité réaliste si la phase de test rencontre des complications.
Pour contextualiser, cela a une importance énorme. Neutron représente le changement architectural qui, en théorie, transformerait l’économie unitaire de Rocket Lab. La philosophie de conception du lanceur se concentre sur une capacité de charge lourde et une réutilisabilité totale — des capacités qui, une fois opérationnelles, devraient permettre une expansion substantielle des marges brutes et, à terme, inverser la trajectoire de l’entreprise, passant de pertes perpétuelles à la rentabilité.
Sans la contribution de revenus de Neutron, les modèles financiers qui prévoyaient un point d’inflexion bénéficiaire en 2027 semblent soudain prématurés. Un premier lancement repoussé de 2025 à 2026 se répercute sur tout le calendrier opérationnel. La cadence prévue — une mission la première année, trois l’année suivante, cinq l’année d’après — se décale d’un an. Ce que les analystes modélisaient auparavant comme une opération de cinq lancements par an en 2027 ne se réalisera pas avant 2028.
L’implication pratique : les investisseurs ne verront probablement pas Rocket Lab devenir rentable en 2027. Ils devront attendre 2028, ou peut-être au-delà.
Pourquoi Beck ne perd pas le sommeil à cause du retard
Lors de sa conférence sur les résultats, le PDG a abordé l’anxiété de front avec une défense mesurée de la décision. Beck a souligné que Rocket Lab dispose d’un « processus éprouvé pour livrer et développer du matériel complexe de vol spatial », soutenu par des tests au sol rigoureux avant toute tentative orbitale. Cette méthodologie n’est pas négociable, a-t-il suggéré. Neutron volera « quand nous serons très confiants qu’il est prêt, et nous ne casserons pas le moule de la magie Rocket Lab. »
L’argument financier est tout aussi simple. Beck a noté que le programme Neutron représente un coût de main-d’œuvre trimestriel d’environ $15 millions. Un seul lancement réussi génère quatre fois ce montant en revenus. Vu sous cet angle, quelques mois de préparation supplémentaires sont une aubaine — surtout si l’on pèse cela contre le risque réputationnel d’un échec lors du premier vol.
Il y a aussi un aspect stratégique. Beck semblait confiant que prendre « un peu plus de temps pour éliminer les risques » renforce en réalité la position de Rocket Lab sur le marché plutôt que de l’affaiblir.
La construction de l’infrastructure de lancement
Un détail qui ne reçoit pas assez d’attention : Rocket Lab a construit de nouvelles infrastructures de lancement en Virginie cette année, en partie en anticipation d’une demande croissante. Le PDG a noté lors de l’appel que « la congestion des lancements continue de s’accumuler à travers le pays » — sa façon de dire que la capacité de lancement disponible ne peut pas suivre la demande des clients.
Ce déséquilibre entre l’offre et la demande joue en faveur de Rocket Lab. Lorsque Neutron sera opérationnel, l’appétit du marché pour les services de lancement n’aura pas diminué ; au contraire, il aura probablement augmenté.
La confiance des clients reste intacte
Voici le signal encourageant : Rocket Lab a déjà trois clients sous contrat pour lancer des missions avec Neutron. Critiquement, aucun d’eux n’a annulé. Le retard n’a pas effrayé les partenaires commerciaux qui avaient déjà engagé leur confiance dans la plateforme.
Cela contraste avec ce à quoi on pourrait s’attendre. Reporter le lancement d’un produit phare entraîne généralement des annulations et une perte de clients. L’absence de ce schéma suggère une confiance sincère dans les capacités futures du lanceur et dans la capacité de Rocket Lab à exécuter.
La barge de récupération ne sera pas prête — pas encore
Lorsque Neutron lancera enfin, Rocket Lab a fait un choix intéressant : il n’essaiera pas de récupérer le booster lors du vol inaugural. La société construit une barge de récupération appelée « Return on Investment », mais elle ne sera pas prête à temps pour le premier vol. Cette infrastructure sera déployée pour le vol deux et au-delà.
Cette décision reflète probablement à la fois les priorités de test et une vision pragmatique de ce que Rocket Lab doit prouver en premier. La réutilisabilité totale peut être démontrée sur plusieurs vols ; la priorité immédiate est simplement de mettre Neutron en orbite de manière fiable.
La question de la valorisation reste en suspens
La vente suite aux résultats ne constitue-t-elle pas une réaction excessive ? Pas nécessairement. Rocket Lab se négocie toujours à environ 46 fois ses revenus historiques — une valorisation qui reflète un optimisme considérable quant à la croissance future.
L’entreprise reste déficitaire, et le chemin vers la rentabilité a été prolongé d’une année complète. Pour les investisseurs en croissance à l’aise avec ce profil, cette déconnexion pourrait représenter une opportunité. Pour les investisseurs axés sur la valeur, les métriques ne justifient toujours pas une entrée.
La question fondamentale pour les investisseurs : attendre jusqu’en 2028 pour les premiers bénéfices, plutôt qu’en 2027, constitue-t-elle un changement significatif dans la thèse d’investissement à long terme de Rocket Lab ? La réponse dépend entièrement de votre horizon temporel et de votre conviction quant à la croissance du secteur des lancements spatiaux commerciaux.
Ce qui est certain, c’est que le retard de Neutron ne disparaîtra pas des discussions du marché tant que le lanceur ne sera pas lancé et qu’il réussira.