Comment la famille du ministre du Commerce de Trump a-t-elle gagné 2,5 milliards de dollars par an grâce au chiffrement ?

Rédaction : Todd Gillespie

Traduit par : Luffy, Foresight News

La liste des dépenses de fin d'année de Cantor Fitzgerald LP pourrait comporter un élément spécial cette année.

« Je viens de quitter le bureau, et j'ai plaisanté en disant que je serais ravi de lui acheter un lit pliant, car il doit venir travailler dimanche et ne pourra partir que vendredi, » a déclaré Sage Kelly, co-PDG de Cantor Fitzgerald, lors d'une interview dans le bureau de New York.

Cette institution financière privée, basée à New York, grimpe régulièrement dans le classement de Wall Street, saisissant l'opportunité de la tendance des cryptomonnaies et relançant ses activités de transactions alimentées par des sociétés d'acquisition à vocation spéciale (SPAC), connaissant l'année la plus chargée et la plus réussie de son histoire.

Actuellement, Cantor est contrôlé par les frères Brandon Lutnick et Kyle Lutnick, dont le père Howard Lutnick a rejoint le gouvernement de Donald Trump plus tôt cette année en tant que secrétaire au Commerce. Selon des sources bien informées, les revenus de l'entreprise devraient dépasser 2,5 milliards de dollars en 2025, atteignant un niveau record, soit une augmentation de plus d'un quart par rapport à l'année dernière.

De gauche à droite : Pascal Bandelier, Christian Wall, Kyle Lutnick, Brandon Lutnick, Sage Kelly, photographié au bureau de la société à New York.

«Des géants de l'industrie comme Howard, des personnes déterminées qui ont travaillé ici pendant 40 ans et dirigé l'entreprise pendant 30 ans, son départ laissera inévitablement un grand vide», a déclaré Kelly. Il a co-dirigé l'entreprise avec Pascal Bandelier et Christian Wall en tant que co-PDG, responsables des opérations de l'entreprise. «Mais toute l'entreprise s'est levée et a réussi - cela est dû à Brandon, mais aussi à Kyle.»

Les dirigeants ont exprimé leur mécontentement à l'égard de l'affirmation selon laquelle « la nouvelle relation de Washington aide les entreprises à réussir ». Ils ont déclaré que le succès de Cantor n'était pas le fruit du hasard, mais qu'il reposait sur une équipe réduite et qu'il avait bénéficié de préparations actives dans des domaines que les grandes banques évitaient depuis des années.

Selon des sources informées, la société devrait générer plus d'un milliard de dollars de revenus grâce à ses 250 négociateurs. Selon les données de Coalition Greenwich, chaque banquier contribue environ 4 millions de dollars de revenus, ce qui représente une efficacité environ deux fois supérieure à celle des grandes institutions de Wall Street.

Le porte-parole de Cantor a refusé de commenter les performances financières de l'entreprise.

Cette année, Cantor a souscrit le plus grand nombre d'IPO américaines, se classant premier dans l'industrie et cinquième dans toutes les émissions de titres aux États-Unis, surpassant des institutions établies telles que Barclays et Citigroup. Les activités de négociation de la société prospèrent, avec une clientèle principalement en dehors des États-Unis ; de plus, Cantor devrait acquérir le fonds spéculatif O'Connor de UBS d'ici la fin de l'année. Cependant, le département a subi des pertes en raison des activités liées au fournisseur de pièces automobiles en faillite First Brands Group, et cette transaction a été entravée à la dernière minute.

Cantor a également recruté des banquiers, prévoyant d'étendre son marché en Allemagne et de participer à la vague de fusions et acquisitions des banques régionales américaines (il y a environ 4000 banques régionales aux États-Unis). Un autre marché cible est le Moyen-Orient : Cantor a déjà établi une équipe bancaire à Dubaï et se prépare à entrer à Abou Dhabi, avec l'intention d'introduire la vente et le négoce d'actions ainsi que des services de banque d'investissement dans la région.

La majeure partie des revenus de Cantor provient de l'essor des transactions liées aux cryptomonnaies, y compris la fourniture de services de financement pour des entreprises de trésorerie crypto de plusieurs milliards de dollars ; de plus, la société a investi dès ses débuts dans des domaines aujourd'hui en plein essor, comme les minéraux rares, l'informatique quantique, la robotique et les centres de données, qui ont également généré des retours substantiels.

Howard Lutnick a rejoint le gouvernement du président Donald Trump plus tôt cette année en tant que secrétaire au Commerce.

« Les cinq grands thèmes mondiaux correspondent parfaitement à nos cinq plus gros investissements des trois ou quatre dernières années, » a déclaré Bandelier, 46 ans. Il est également responsable des activités boursières, dont les revenus devraient atteindre en 2025 le double de ceux de 2008 (l'année précédente la meilleure).

Après que les frères Lutnick et leurs jeunes frères et sœurs aient pris le contrôle de la majorité des actions de l'entreprise, cette série de succès a attiré l'attention de Wall Street et de Washington. Les dirigeants ont rejeté les accusations de conflit d'intérêts, affirmant qu'ils exploitent désormais l'entreprise de manière indépendante de Howard, et qu'ils avaient déjà planifié ces activités qui ne manqueront pas de prospérer, les bénéfices actuels étant donc logiques.

« Je te garantis que nous ne faisons pas de profits sans effort, » dit Kelly. « C'est facile pour nos concurrents de dire cela, car ils ne participent pas chaque jour à notre travail et ne comprennent pas les difficultés que cela implique. »

Mardi, au luxueux hôtel Ritz-Carlton de Miami Beach, Brandon Lutnick a décrit la période chargée que sa famille venait de traverser lors d'une réunion.

« Mon frère Kyle et moi avons toujours espéré pouvoir occuper ce poste, mais tout cela est arrivé bien plus tôt que nous ne l'avions prévu, » a déclaré Brandon, 27 ans. Il est président et directeur général de la société mère, tandis que son frère de 29 ans, Kyle, est vice-président exécutif. « Cette année est une année brillante pour notre entreprise. »

La nuit précédente, Brandon a organisé un dîner, où il était assis à côté de Bo Hines, conseiller en cryptomonnaie du président, et des frères Winklevoss, fondateurs de l'échange de cryptomonnaies. Kevin O'Leary, un supporter des actifs numériques et une personnalité de la télévision connue grâce à l'émission “Dragon's Den”, était également assis à ses côtés.

Cantor a également collaboré avec son client de longue date Tether, prévoyant de lancer un stablecoin aux États-Unis ; tout en agissant en tant que conseiller financier de l'entreprise (Cantor est également un investisseur de Tether), pour l'aider à lever des fonds. Ce financement pourrait évaluer Tether à 500 milliards de dollars, apportant des milliards de dollars de bénéfices à Cantor. De plus, la loi Genius Act, adoptée par le gouvernement Trump en juillet, établit un cadre réglementaire pour les stablecoins américains, dont Cantor bénéficie également.

« Nous étions déjà engagés dans le domaine des cryptomonnaies avant l'entrée de Howard au gouvernement, » a déclaré Kelly, « bien avant le mandat de Howard, nous avons investi dans les secteurs de la technologie et de l'industrie, et nous sommes également déjà entrés dans les secteurs de l'électricité et des énergies renouvelables. »

Le PDG de Tether, Paolo Ardoino, et le président de Cantor, Brandon Lutnick, lors de la conférence sur le Bitcoin de Las Vegas 2025.

Tout le monde ne croit pas à l'indépendance de Cantor. En août dernier, les sénateurs démocrates Ron Wyden et Elizabeth Warren ont demandé plus d'informations, car il a été rapporté que Cantor envisageait de conclure un accord, selon lequel les fonds spéculatifs en profiteraient si les droits de douane américains étaient annulés. Des sources ont révélé que, bien que d'autres banques aient également participé à de telles transactions, Cantor a non seulement abandonné cet accord pour éviter d'éventuelles accusations de conflit d'intérêts, mais a également refusé de fournir des services de conseil pour le portefeuille d'actifs en bitcoins du Trump Media Technology Group.

« Lorsque le fils du ministre du Commerce prend la tête de la société de Wall Street que son père dirigeait, il est inévitable que les gens se demandent si tout est conforme, » a écrit Wyden dans un e-mail envoyé à Bloomberg en août.

Mais à une époque où la politique et les affaires s'entrelacent comme jamais auparavant, Cantor n'a pas évité de contacter des personnalités gouvernementales. Lors d'une conférence à Miami, la société a reçu le fils du président Eric Trump, ainsi que le sénateur du Texas Ted Cruz — Cruz étant président du comité chargé de superviser le département du Commerce dirigé par Howard Lutnick. Ce soir-là, Brandon Lutnick s'est précipité à Washington pour assister à un dîner à la Maison Blanche, où il a dîné avec des magnats de Wall Street et son père.

Depuis des années, les crypto-monnaies sont remises en question, mais les premiers investisseurs pensent que l'arrivée de la richesse n'est qu'une question de temps.

«Il faut d'abord traverser un hiver rigoureux pour pouvoir accueillir le printemps», a déclaré Wall, 50 ans. Il est responsable des activités de revenu fixe de l'entreprise, un département qui a lancé un service de prêt de plusieurs milliards de dollars adossé à des bitcoins, et a conclu sa première transaction en mai. Wall a déclaré que le soutien de l'administration Trump à l'innovation, la clarification de la réglementation et l'adoption institutionnelle qui en découle «sont en train de donner naissance à un tout nouveau monde».

Bandelier a déclaré que le succès de l'entreprise était également dû à la morosité des banques de taille intermédiaire américaines. « C'est la période la plus facile de ma carrière pour recruter, » a-t-il déclaré.

D'une certaine manière, Cantor et l'industrie des cryptomonnaies ont changé, la conférence de Miami de cette année (la troisième en quatre ans) s'ouvrant pour la première fois aux médias.

Un autre événement marquant est : le conférencier principal, le PDG de Tether, Paolo Ardoino, a prononcé un discours devant les deux responsables des régulateurs financiers les plus influents des États-Unis - le président de la SEC, Paul Atkins, et la présidente par intérim de la CFTC, Caroline Pham.

Pendant une pause de la réunion, ces trois personnes posent avec Brandon Lutnick et Stephen Merkel, le conseiller juridique général de Cantor, avec un large sourire.